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Un caractère

 

 

 

Voilà ce que je vous propose, après avoir lu La fille aux yeux d’or de Balzac. Il y a dans ce petit roman, à son début, plusieurs pages sur ce qu’est pour Balzac, le parisien. Je dirai que, juste pour ce passage-là, ce roman mérite d’être lu, comme si un siècle et demi plus tard, le parisien que nous connaissons en 2024 était celui de 1830. C’est tellement improbable et tellement vrai qu’il semble à cette lecture que Balzac est, soit un grand visionnaire, soit qu’il vit encore au XXI siècle.

Alors j’ai souhaité que nous commencions par camper le personnage, comme le fait Balzac avec son parisien. Pour vous, cela peut être l’italien ou le martien, ou le français, ou le plombier. Ce que je veux dire, c’est que nous fourmillons d’idées fortes qui portent des caractères, on dirait aussi des figures, définissant une catégorie de populations et s’élevant au-dessus en une unique entité qui la représenterait. Evidemment à vous de nourrir dans le détail ce caractère.

Un caractère de La Bruyère, pour dégourdir votre imaginaire !

Diphile commence par un oiseau et finit par mille ; sa maison n'en est pas égayée, mais empestée : la cour, la salle, l'escalier, le vestibule, les chambres, le cabinet, tout est volière ; ce n'est plus un ramage, c'est un vacarme : les vents d'automne et les eaux dans leurs plus grandes crues ne font pas un bruit si perçant et si aigu, on ne s'entend non plus parler les uns les autres que dans ces chambres où il faut attendre, pour faire le compliment d'entrée, que les petits chiens aient aboyé : ce n'est plus pour Diphile un agréable amusement, c'est une affaire laborieuse et à laquelle à peine il peut suffire ; il passe les jours, ces jours qui échappent et qui ne reviennent plus, à verser du grain et à nettoyer des ordures ; il donne pension à un homme qui n'a point d'autre ministère que de siffler des serins au flageolet et de faire couver des canaris ; il est vrai que ce qu'il dépense d'un côté, il l'épargne de l'autre, car ses enfants sont sans maîtres et sans éducation ; il se renferme le soir fatigué de son propre plaisir, sans pouvoir jouir du moindre repos, que ses oiseaux ne reposent, et que ce petit peuple, qu'il n'aime que parce qu'il chante, ne cesse de chanter ; il retrouve ses oiseaux dans son sommeil, lui-même il est oiseau, il est huppé, il gazouille, il perche ; il rêve la nuit qu'il mue, ou qu'il couve. (ÉD. 6.)

 

Ce sera notre première ouverture. Ensuite, je vous demanderai de replacer ce caractère dans le début d’une nouvelle, un récit bref bien ancré dans la réalité (2ème ouverture) puis dans un conte, le début d’un conte largement onirique, fabuleux (3ème ouverture). Puis vous développerez, ce sera la 4ème ouverture, l’un de ces deux récits, celui qui vous parle le plus, dans lequel vous êtes à l’aise.

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