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 Le lieu (1)

 

 

Se préoccuper de la lumière du monde dans lequel on vit. Un peu comme un peintre qui se positionne à différents moments de la journée pour capter cette lumière, ces instants solaires, du lever au coucher.

Peut-être que vous vous souviendrez alors des 30 tableaux de Monet, de la Série des Cathédrales de Rouen.

Apprendre à connaître le lieu dans lequel se déroule l’action de notre récit. Que rien de ce qui s’y passe ne nous soit étranger. Savoir le décrire au petit-matin ou bien au crépuscule. Choisir sa saison, son climat.

Il va s’agir d’un pont, d’une gare, d’une avenue. Vous êtes le narrateur, et vous observez ce coin de rue, la lumière, les nuages, le ciel qui le surplombe.

Trois ouvertures pour cela, et la quatrième, un ou des personnages habiteront le lieu.

 

Nous allons travailler à partir d’un roman de Thomas Vinau, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux. Roman qui nous a déjà parfois aidé à avancer dans nos ateliers, et qui est idéal pour l’exercice d’aujourd’hui.

Vous serez un narrateur qui ne dit ni je, ni il ou elle. Un narrateur objectif, qui ne fait que décrire ce qu’il voit. Ce n’est qu’à la quatrième ouverture que vous choisirez ou non d’intervenir.

 

Et comme d’habitude, le texte choisi n’est là que pour nous permettre de fréquenter au plus près notre imaginaire.

 

 

1ère ouverture : début de journée.

 

 

La lumière tombe sur le sol en petite pluie métallique. Le vent secoue tout ça sur les pierres et les ombres, sur les épaules courbées des arbres qui roupillent encore. Au loin, un chat râle. Un samedi, à sept heures trente, y a pas trente-six poilus pour gâcher le paysage. C’est drôle comme les matins changent. Les rythmes sont différents et avec eux la façon d’aborder le monde.

 

Et vous, quelle est votre façon d’aborder le monde ? Décrivez un début de matinée, dans le lieu que vous aurez choisi.

 

2ème ouverture : Meublez-le.

 

Maintenant, regardez mieux. Soyez précis. Que voyez-vous ? Les meubles, les tentures, les miroirs, ou presque rien. Un objet vous frappe, vous parle, raconte son histoire. Imaginez-la.

 

Aujourd’hui l’enfant m’a laissé entrer. J’ai fait un pas à l’intérieur, retenant ma respiration. J’ai regardé autour de moi, dans cette cuisine où tout était en ordre : la table débarrassée, les assiettes lavées et bien alignées sur l’égouttoir, les couverts debout dans le range-couverts, pour qu’ils sèchent bien, un torchon plié sur le dossier d’une des chaises en bois, un autre accroché à un petit clou, près de l’évier Il y avait aussi dans un angle une cheminée qu’on ne pouvait pas voir de l’extérieur, des bûches entassées à côté et une cagette pleine de petit bois.

 

3ème ouverture : Dehors !

Maintenant, vous ouvrez les fenêtres, les volets, vous regardez au dehors. Que voyez-vous ? Racontez ce qui entoure le lieu, le rend unique.

Le soleil vient tout juste de s’effacer derrière la ligne de crête. La lumière s’éteint. Je regarde le monde sur le point d’être englouti par l’obscurité. Le ciel est traversé par les dernières hirondelles qui volent, ça et là, comme des flèches. Elles passent en rase mottes au-dessus de moi, s’abattant tête la première sur de vastes sphères d’insectes suspendus entre ciel et terre. Je sens le vent de leurs ailes sur mes tempes. La lumière disparaît progressivement, tout ce monde végétal devient de plus en plus sombre devant mes yeux.

 

4ème ouverture : Vous partez.

Vous refermez la porte. La visite est terminée. Vous êtes quelques heures plus tard, ailleurs. Que vous reste-t-il de cette visite ? Vous allez en parler, à vous, à d’autres. Dialogue direct ou indirect, à votre choix. Qu’est-ce qui vous a frappé ?

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