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La tour sombre de Stephen King, une très longue histoire qui dure 7 tomes, une quête cruelle et magnifique, extrêmement noire, comme celle du Seigneur des anneaux, mais en plus kitch, plus sentimentale et douloureuse aussi. 

Et ce qu’elle m’a appris et que je vous propose, c’est que les images peuvent être riches, voire très riches. Pas d’économie de mots (c’est un auteur américain, hollywoodien en quelque sorte) comme nous pouvons la connaître dans la pureté de certains récits français.

Inventer sans trop de contraintes, tout en laissant à la langue de sa voix intérieure, cette langue singulière comme l’appelle Jeanne Benameur, la possibilité de s’enflammer !

Nous allons nous offrir 4 ouvertures avec des titres qui fleurent bon l’épopée. Et je vous donnerai à chaque fois un petit bout de l’histoire mais seulement pour entraîner la vôtre. Vous irez là où justement s’ouvre une échappée. Je ne vous demande pas de poursuivre les bouts d’histoire que je vais vous lire. Ne vous y attachez pas. Elles ne sont là que pour vous donner le ton, je dirais, le ton de l’épopée.

Voilà le mot est dit, c’est l’atelier de l’épopée ! Voyez ample, utilisez les beaux mots que vous connaissez pour décrire l’excès, l’excès des légendes. Personnages, lieux, évènements, méfaits, tout est grandiose, flamboyant. Pas de mièvrerie, jamais.

Vous racontez une histoire, dont au départ, vous ne savez rien ou pas grand’ chose. Mais au fil de l’écriture, elle va prendre tournure, d’elle-même, vous le savez bien.

 

Première ouverture : Le silence s’abattit sur les lieux, remplissant les espaces déchiquetés.

Le titre est déjà votre premier indice, vous ne croyez pas ?

Au-dessus de lui, constantes elles aussi, les étoiles ne clignotaient pas. Des soleils et des mondes par millions. Des constellations étourdissantes, du feu glacé dans toutes les teintes primaires. Sous ses yeux, le ciel vira de l’indigo à l’ébène. Un météore dessina un arc de cercle fugace et spectaculaire en dessous du Vieil Astre, puis s’éteignit en un clin d’œil. Le feu projetait d’étranges ombres tandis que l’herbe du diable se consumait lentement, composant de nouveaux dessins, un enchevêtrement sans complexité, vaguement effrayant dans sa fiabilité bien à lui, sans logique. Le feu brûlait, de ses flammes basses et ralenties, et des visions dansaient dans son cœur incandescent. Les étoiles étaient aussi indifférentes à ce spectacle qu’elles l’étaient aux guerres, aux crucifixions ou aux résurrections. Voilà qui l’aurait sans doute réjoui.

Description d’un ciel et d’un campement, juste pour vous donner le ton de l’épopée. Mais pour vous, où se déroule votre épopée ?

Souvenez-vous du titre, des espaces déchiquetés ? Où donc les voyez-vous ?

Que rien ne retienne votre imagination ! Et peuplez ces espaces, si cela se présente.

 

 

2ème ouverture : Il voyait son propre reflet.

 

Vous continuez votre histoire. Il voyait son propre reflet ? Ah oui ? Et où donc ? Et qui est-il ? Et pourquoi donc ?

Voici quelques questions que je suggère, et que vous pourriez vous poser.

 

Encore un petit texte, pour avoir sur le bout de la langue quelque chose de l’épopée.

 

Le Pistolero se leva d’un bond et se mit à courir. Un amer disque de lune s’était levé et il pouvait suivre la piste du garçon dans la rosée. Il se baissa pour esquiver le premier saule, fit gicler l’eau de la source, sauta de l’autre côté en dérapant sur la berge humide. Les branches lui giflaient le visage. L’herbe qui maintenant lui arrivait aux genoux le caressait comme pour l’implorer de ralentir, de profiter de la douceur. L’odeur plus légère et plus jeune du garçon était diffuse, huileuse, impossible à manquer. Le Pistolero trébucha sur un amas d’herbe, de ronces et de branches mortes. La mousse lui battait les épaules comme des mains flasques de cadavres. Des vrilles grises s’accrochaient à lui en gémissant. Il vit un anneau de pierres noires qui au clair de lune faisait penser à une sorte de piège surréaliste. Au centre, se dressait une table de pierre, un autel très ancien jaillissant du sol sur un épais pied de basalte.

 

Et dans votre monde imaginaire à vous, où voyait-il donc son propre reflet ? Le voyait-il ?

 

3ème ouverture : Oiseau et ours, lièvre et poisson

Là encore, l’épopée s’écrit pour vous. Oiseau et ours, lièvre et poisson, est-ce une devinette ou bien le début d’une chanson ?

Alors, te voilà dit la vieille, avec un atroce sourire de bienvenue. C’était un sourire propre à remémorer, même à la fille la plus aguerrie, les contes à dormir debout de sa nourrice, ces contes bons pour l’hiver où des vieilles édentées font bouillir des chaudrons pleins à ras bord d’un liquide vert crapaud.

Assurément me voilà, dit-elle avec un sourire qu’elle s’efforça de rendre éclatant et sans peur.

L’horrible sourire de la vieille s’élargit à un point qui évoqua à Susan celui dont les anguilles fraîchement tuées semblent se fendre parfois, juste avant qu’on les plonge dans la marmite.

 

4ème ouverture : Le garçon poussa un cri, le visage levé vers le ciel, dans la lumière mourante.

Allez, faites donc chuter votre récit.

Nous mourrons tous à notre heure, dit le Pistoléro. Il n’y a pas que le monde qui soit soumis aux changements. Mais nous atteindrons la splendeur. Ce n’est pas seulement un monde qui est à conquérir, Eddie. On va y aller. On va se battre. On va être blessés. Et à la fin, nous serons debout. Même les damnés connaissent l’amour.

L'épopée

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