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L'écriture amplifiée

 

 

Nous amplifions à l’infini. Un texte nous est offert, nous allons le multiplier. Ensuite nous reviendrons vers la simplicité, mais une simplicité que nous aurons choisie.

L’auteur qui inspire ce travail, c’est Thomas Wolfe. Cet auteur qui présenta un pavé de 5000 pages que son éditeur réduira à 300.

1ère ouverture : 

 

TW: J’étais assis à la terrasse d’un café de l’Opéra et tout à coup je me souvenais de la rampe de fer qui longeait la promenade d’Atlantic City. Je la revoyais instantanément telle qu’elle était ; ce vieux tuyau de fer brut et galvanisé ; la manière dont les jointures avaient été effectuées. Le tout était si concret et si saisissant que je pouvais sentir ma main posée dessus et en connaître les dimensions exactes, la taille, le poids et la forme. Ou bien encore, ce pouvait être un pont de fer au dessus d’une rivière américaine et le son produit par le train qui passe par-dessus. Le grondement des traverses branlant dans le vide en dessous ; l’aspect des rives boueuses ; le remous lent, épais et jaunâtre d’une rivière américaine ; une vieille barque à fond plat à moitié remplie d’eau, embourbée sur la rive.

Et maintenant, vous allez développer quelque chose, un mot, une image issue du récit. Développer comme jamais vous ne l’avez fait, avec précision et avec émotion, tous vos sens en action.

C’est un peu comme si vous travaillez sur du vivant.

 

2ème ouverture :

 

TW : Au cours de mes 29 ou 30 années de vie, combien de personnes avais-je vues ?  Combien d’entre elles avais-je croisées dans la rue ? Combien d’entre elles avais-je aperçues dans le train ou dans le métro, au théâtre ou à des matchs de base-ball ou de football ? Avec combien d’entre elles avais-je réellement vécu quelque chose de vital et d’éclairant, fût-ce de la joie, de la douleur, de la colère, de la pitié, de l’amour ou une simple camaraderie occasionnelle, si brève fut-elle ?

De chacun de ces petits paragraphes montent les voix de ceux qui ont traversé ce bout de pays, de champs, de ferme, et même de prison. Laissez parler ces voix. Comme dans un brouhaha, sans forme et sans les tirets du dialogue. Juste ces voix dans un flot continu. Du banal au poétique, comme vous les entendez.

3ème ouverture :

TW : L’idée centrale de mon livre était la suivante : il me semblait que la quête la plus profonde dans la vie, la chose qui occupait d’une façon ou d’une autre une place essentielle, c’était pour l’homme la quête d’un père. Pas seulement le père de sa chair, pas seulement le père de sa jeunesse, mais l’image d’une force et d’une sagesse extérieures à son besoin et supérieures à sa faim, et auxquelles la croyance et la puissance de sa propre vie pouvaient s’unir.

Vous voilà en quête de l’idée centrale que ce petit paragraphe évoque, fait surgir. Laissez-la jaillir de vous, faites-la parler pour vous. Ecrivez Il me semble que, j’imagine que. Là encore, amplifiez votre texte, laissez-le grossir, sans contrainte.

 

4ème ouverture :

Rassemblez vos textes. Remodelez-les afin que quelque chose que vous y avez mis, qu’y se loge là, quelque chose qui vous parle intimement, puisse surgir comme le fil rouge qui donnera sens à votre texte, une profondeur, une richesse nouvelle.

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