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Construire (4)

 

 

 

Le masque de la mort rouge d’Edgar Poe. Une nouvelle magnifique, extrêmement noire, à laquelle je propose que nous empruntions la construction.

  1. Quelque chose de terrible se passe dans la contrée : nous nous emparons de celle de la mort rouge.

  2. Vos personnages vont tenter d’y échapper : qui sont-ils ?

  3. Ils se réfugient… : à vous de décrire le lieu qu’ils ont choisi.

  4. Une fête est organisée.

  5. Apparition du personnage porteur du fléau.

  6. le fléau sera-t-il repoussé ou pas, anéanti ou pas. Votre chute sera cocasse, inattendue, féérique…

Première ouverture :

L’exposé du problème et les personnages qui résistent.

La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c’était le sang, – la rougeur et la hideur du sang. C’étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l’être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l’humanité, et lui fermaient tout secours et toute sympathie. L’invasion, le progrès, le résultat de la maladie, tout cela était l’affaire d’une demi-heure.

Mais le prince Prospero était heureux, et intrépide, et sagace. Quand ses domaines furent à moitié dépeuplés, il convoqua un millier d’amis vigoureux et allègres de cœur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiées.

Le postulat nous est donnée par Edgar Poe. Vous imaginez les personnages résistants. C’est un conte moderne. Vos personnages sont d’ici et maintenant.

 

2ème ouverture :

 

Les lieux.

 

Vous réunissez tous ces personnages dans un même lieu. Décrire une des pièces de ce lieu dont nous empruntons les murs à Edgar Poe : une abbaye fortifiée, transformée pour les besoins du conte en un hôtel 5 étoiles !

En décrire une pièce. Une chambre, un couloir, un hall…

 

Mais d’abord laissez-moi vous décrire les salles où elle eut lieu. Il y en avait sept, – une enfilade impériale. Dans beaucoup de palais, ces séries de salons forment de longues perspectives en ligne droite, quand les battants des portes sont rabattus sur les murs de chaque côté, de sorte que le regard s’enfonce jusqu’au bout sans obstacle. Ici, le cas était fort différent, comme on pouvait s’y attendre de la part du duc et de son goût très vif pour le bizarre. Les salles étaient si irrégulièrement disposées, que l’œil n’en pouvait guère embrasser plus d’une à la fois. Au bout d’un espace de vingt à trente yards, il y avait un brusque détour, et à chaque coude un nouvel aspect. À droite et à gauche, au milieu de chaque mur, une haute et étroite fenêtre gothique donnait sur un corridor fermé qui suivait les sinuosités de l’appartement. Chaque fenêtre était faite de verres coloriés en harmonie avec le ton dominant dans les décorations de la salle sur laquelle elle s’ouvrait. Celle qui occupait l’extrémité orientale, par exemple, était tendue de bleu, – et les fenêtres étaient d’un bleu profond. La seconde pièce était ornée et tendue de pourpre, et les carreaux étaient pourpres.

 

3ème ouverture :

La fête ! Mais c’est un personnage effrayant qui apparaît. Le personnage nous est donné.

 

Le personnage était grand et décharné, et enveloppé d’un suaire de la tête aux pieds. Le masque qui cachait le visage représentait si bien la physionomie d’un cadavre raidi, que l’analyse la plus minutieuse aurait difficilement découvert d’artifice. Le masque avait été jusqu’à adopter le type de la Mort Rouge. Son vêtement était barbouillé de sang, – et son large front, ainsi que tous les traits de sa face, étaient aspergés de l’épouvantable écarlate.

Décrire la fête et d’introduire en quelques mots le personnage qui la traverse.

 

 

4ème ouverture :

Nous allons contredire la fin tragique d’Edgar Poe. Vos personnages vont trouver le moyen d’échapper au tragique. Je vous lis celle de la Mort Rouge.

Alors, invoquant le courage violent du désespoir, une foule de masques se précipita à la fois dans la chambre noire ; et, saisissant l’inconnu, qui se tenait, comme une grande statue, droit et immobile dans l’ombre de l’horloge d’ébène, ils se sentirent suffoqués par une terreur sans nom, en voyant que sous le linceul et le masque cadavéreux, qu’ils avaient empoignés avec une si violente énergie, ne logeait aucune forme palpable.

On reconnut alors la présence de la Mort Rouge. Elle était venue comme un voleur de nuit. Et tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l’orgie inondées d’une rosée sanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute.

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